Association du patrimoine artistique asbl

RAINER TAPPESER

Berliner Jahre - Années berlinoises 1969-1973

Grisebach à Berlin du 27 septembre au 4 novembre 2017

https://www.grisebach.com/tappeser/

Grisebach à Düsseldorf du 7 décembre 2017 au 2 février 2018

Exposition à Bruxelles du 24 novembre au 17 décembre 2017

Association du Patrimoine artistique rue Charles Hanssens 7 à 1000 Bruxelles. Jours et heures d'ouverture : jeudis, vendredis, samedis et exceptionnellement tous les dimanches de 14-18h.

Vernissage jeudi 23 novembre 18-21h.

Rainer Tappeser Berliner Jahre / Années berlinoises 1969-1973 Catalogue édité par Grisebach © 2017 Deutscher Kunstverlag Gmbk Berlin München. Avec les textes de Florian Illies et Sabine Schaschl (en all et fr). Dépliant inséré : texte de Pierre Loze (en all et fr).

Cette peinture exprime une confiance extraordinaire. Elle évoque pour moi le climat de la fin des années 60 et du début des années 70 que j'ai bien connu. J'y retrouve les tons que l'on recherchait alors dans le design, l’automobile et même l'ameublement, cette audace dans l'emploi de couleurs inédites, inattendues, qui s'offraient en aplats denses ou éclatants. Mais tout tient ici dans leur mise en place, on dirait presque leur mise en scène, comme couleur, dans un jeu plastique qui traduit la volonté, la maîtrise, la conviction. Ces œuvres ont été créées dans un contexte particulier, celui de Berlin-Ouest : une ville qui se voulait une île de liberté face au monde totalitaire et qui se dressait, volontaire, face à la grisaille, enfermée par le rideau de fer. C'est dans cette ville que Rainer Tappeser, un peu isolé par rapport au réalisme berlinois, a étudié et connu ses premiers succès de jeune peintre, apprécié par des collectionneurs avisés. Dans ces mêmes années aux États-Unis, l'art s'engageait sur la voie de la dérision et du second degré, s'emparait des icônes médiatiques, et proposait un jeu de remise en question de l'art lui-même et de ses institutions muséales.

L’art de Tappeser, au contraire, renouait avec les fondements jetés par le Bauhaus et s'affirmait dans la recherche d'une expression purement plastique, contestant certes les limites du cadre, mais non pour se dissoudre dans une dimension environnementale, ni pour remettre en question la relation à l'œuvre d'art comme objet de contemplation. Ces œuvres appellent un moment d'arrêt, elles suspendent le temps, elles s'offrent à l'esprit, ouvrent un espace de réflexion et de méditation, dans une plénitude simple et apaisante. Elles clament la liberté du geste et le goût de l'absolu, elles portent en elles une énergie, elles touchent les fondements physiques et psychiques de celui qui les contemple.Pour fonctionner elles n'ont pas besoin des systèmes de signes et de références sur lesquels s’appuyait alors le Pop Art, si délicieusement désinvolte, mais qui ouvrait la voie à une dégradation progressive de la relation au geste créateur.

Le temps a passé, les références se sont fanées, les icônes médiatiques sur lesquelles étaient posées des couleurs extraordinaires ne nous parlent plus, elles sont sorties du champ de notre mémoire. Celles que Rainer Tappeser a utilisées éclatent toujours avec la même puissance.

Dans le bavardage référentiel généralisé de la créativité actuelle, on voudrait parfois voir revenir cette force simple et confiante qui apporte un grand souffle d'énergie. Toute la carrière de Rainer Tappeser s'est poursuivie dans la recherche de cette dimension plastique qui n'exclut pas à l’occasion la figuration. Un art qui n'utilise l'instant que pour le mener vers la sensation de l'intemporel.

Pierre Loze - octobre 2017

Photos © Rainer Tappeser VG BildKunst

http://www.rainertappeser.de/

http://www.associationdupatrimoineartistique.be/espace-exposition-fiche-678