Association du patrimoine artistique asbl

04.04.2016 - 03.06.2016
STERNBERG, un amoureux de la mer

Hôtel de Ville de Trouville

Collages, dessins d'humour ...et une installation d'Yves Bosquet

Je revenais tellement gavé de vent du large, de soleil, de fatigue et de détente que, même quand je réfléchissais, je n'arrivais pas à penser. Je ne pouvais que regretter, nostalgier. Je barrais ma machine à écrire, mais même dans les moments de force 9 de l'inspiration, je n'arrivais pas à retrouver les tendres paniques d'un simple coup de vent de force 5 dans le cul d'un dériveur léger.

(extrait de Vivre en survivant. Démission, Démerde, Dérive. 1977).

Comment évoquer Jacques Sternberg (1923-2006) à Trouville sinon en faisant partager sa passion de la mer? Nous avons donc choisi de leur donner à tous deux les rôles principaux: voguons sur elle avec les mots de Sternberg, découvrons-la caricaturée dans les dessins d’humour de ses amis ou encore contemplons-la dans ses aspects les plus surréels ou magnifiés à travers les collages de Sternberg.

Dominique Vautier

Basculades

Dans son Dictionnaire des idées revues (1985), Jacques Sternberg dit qu’en 1950 il s’était découvert deux « hobbies » en marge de sa « rage d’écrire » : collectionner les dessins d’humour, qu’il arrachait, précise-t-il, « à tous les magazines, de préférence américains », et faire des collages. Et il ajoute que les siens ne ressemblaient « pas du tout » à ceux de Max Ernst, «superbes, mais anecdotiques».


Les collages de Jacques Sternberg n’ont effectivement rien d’anecdotique : ils visualisent ses effrois, ses obsessions et, surtout, toutes les anomalies et toutes les « basculades » possibles et imaginables de notre monde – d’étonnantes, d’extraordinaires « géométries dans l’impossible ». Difficile de les regarder sans songer aux innombrables contes et aux romans qu’il a écrits, sans se dire que cet homme, décidément, n’a jamais rien fait comme ses semblables, et que c’est sans doute pour cette raison qu’il reste – merveilleux paradoxe – si proche de nous, de nos désirs les plus inavoués et de nos hantises les plus folles.

Jean-Baptiste Baronian