Association du patrimoine artistique asbl

Bibliographie

Paul Philippot

Paul Philippot est né en 1925. Il a consacré une grande partie de sa carrière à l'enseignement. C'est à l'Université Libre de Bruxelles dont il est Docteur en Droit et en Histoire de l'art et Archéologie qu'il a principalement enseigné de 1955 à 1995 (voir ci-dessous la liste des cours). Les ouvrages et articles publiés par le professeur Paul Philippot couvrent des domaines très variés. Une approche chronologique de sa carrière permet de mieux saisir les composantes de sa pensée et la cohérence finale de sa bibliographie. La peinture flamande a constitué son premier centre d'intérêt. Il a apporté sur cette matière un regard très neuf d'une acuité augmentée par une connaissance technique très étendue, nourrie par le contact avec les problèmes de restauration, et par une connaissance profonde de l'art italien. Son intérêt s'est étendu ensuite à la sculpture polychrome des Pays-Bas méridionaux. C'est au sein de l'Institut Royal du Patrimoine Artistique, au contact de Johannes Taubert, que s'est élaborée une pensée qui articule avec rigueur les questions esthétiques et les problèmes techniques, tributaire à la fois de la rigueur de pensée de la tradition allemande, mais qui s'inscrit aussi dans le prolongement de la pensée idéaliste italienne.En mars 1959 il a été nommé Directeur-adjoint du Centre international d'études pour la Conservation des biens culturels (à partir de 1977 ICCROM) créé à Rome par l'UNESCO, aux côtés de H.J. Plenderleith, ancien chef du laboratoire du British Museum. Paul Philippot assumera personnellement la charge de Directeur de 1971 à 1977.

Sa présence à Rome l'a d'autre part amené à donner des cours à la Faculté d'Architecture de l'Université de Rome de 1973 à 1977 (Lettura storico-critica delle espressioni artistiche et Principi generali di conservazione dei beni culturali). Les relations étroites avec les principaux restaurateurs de l'Istituto Centrale del Restauro, Paolo et Laura Mora, l'ont conduit à créer à Rome un cours international de perfectionnement dans la conservation des peintures murales, puis à la rédaction de l'ouvrage sur ce sujet, publié en 1977.

Sa fréquentation de Cesare Brandi dont il a traduit les ouvrages en français et de Giulio Caro Argan lui a permis d'approfondir la pensée italienne pour l'esthétique et la critique d'art et de l'intégrer à sa formation basée sur la Kunstwissenschaft germanique. C'est dans cette synthèse qu'il a puisé l'inspiration pour ses publications et pour ses cours à Bruxelles, tant pour la restauration que pour l'histoire de l'art.

D'autre part, des relations suivies avec Johannes Taubert, devenu chef des ateliers de restauration du Bayerisches Landesamt für Denkmalpflege à Munich, et ses visites en Allemagne et en Autriche dans ce contexte, ont entretenu son intérêt pour la polychromie des sculptures, puis de l'architecture, et leur conservation, et orienté de façon décisive son approche du baroque.

L'art des anciens Pays-Bas lui est apparu dans une optique nouvelle, germano-italienne, et marquée par la fréquentation constante de l'art italien. C'est l'origine de son livre Pittura fiammiga e rinascimento italiano (1970), revu et fortement remanié pour l'édition française La peinture dans les anciens Pays-Bas, XVe-XVIe siècles (1994).

De même, la fréquentation active du Baroque romain l'a amené, de retour à Bruxelles, à voir dans une optique originale la sculpture et l'architecture baroques des Pays-Bas espagnols et autrichiens, et à diriger un groupe de recherche sur ce thème, en tant que Président de l'Association du Patrimoine artistique (Asbl).

A partir de 1978, il s'est consacré pleinement à son enseignement à Bruxelles et a guidé les travaux et doctorats de nombreux étudiants manifestant pour tous les domaines de l'art une insatiable curiosité. Devenu Président de l'Association du Patrimoine artistique asbl créée en 1979, il a, outre sa fonction administrative, participé activement aux diverses activités et programmes de l'Association en tant que conseiller, auteur et chercheur.

Son interprétation originale de l'art des Pays-Bas s'est ainsi progressivement étendue, au gré des occasions de publication, à l'architecture, la peinture et la sculpture des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.

Au cours de ses années à Rome, il a contribué à jeter les bases d'une bibliothèque spécialisée en technologie et restauration et à établir l'ICCROM dans le milieu italien et spécialement romain de la conservation, à en définir sur des bases humanistes et interdisciplinaires dans l'esprit de Cesare Brandi la philosophie, la politique scientifique et les divers types d'activités. Il a également développé des relations avec des réseaux internationaux de spécialistes, notamment grâce à la collaboration de l'ICOM où il a exercé longtemps la fonction de secrétaire du Comité international pour la conservation, dans le cadre duquel il a aussi assuré la coordination des groupes de travail sur la conservation des peintures murales, puis celle des sculptures polychromes. Ces diverses activités l'ont conduit à effectuer de nombreuses missions à l'étranger:

- D'abord en Europe: en France, Allemagne de l'Ouest et de l'Est, Pays-Bas, Danemark et Suède, Suisse, Hongrie et Yougoslavie, soit pour l'organisation de réunions, soit pour celle de programmes.
- En Turquie, pour organiser un chantier mixte de formation dans la restauration des peintures murales des monastères de Görenne (Anatolie) réunissant restaurateurs européens et stagiaires turcs.
- En Roumanie, pour l'organisation d'un chantier analogue dans le monastère de Humor (Moldavie).
D'autres missions sont dictées par la participation à des cours dans le cadre de la création par l'UNESCO de centres régionaux de formation de restaurateurs, notamment:
- au Mexique, au centre Paul Coremans de restauration, au couvent de Churubusco. Occasion d'étudier l'architecture et la sculpture baroques du plateau mexicain.
- au Pérou, au centre régional de Cuzco, avec visites des sites précolombiens environnants (Machu-Pichu, Saskawaman) et l'art de Cuzco.

D'autres voyages sont encore déterminés par le souci de connaître directement, et en contact avec les spécialistes locaux, l'état de conservation des biens culturels de la région, et les besoins en matière de formation de spécialistes. Un tour de près de deux mois s'est ainsi effectué en Inde (Delhi, Ajanta, Jaypur, Calcutta, Bombay, à Ceylan (peintures de Sigiria), au Népal (Katmandou et autres centres), en Thaïlande, Malaisie et Indonésie.

Un séjour important au Japon (Tokyo et Kyoto) a été effectué pour organiser et suivre un atelier de trois semaines au cours duquel des restaurateurs européens ont été initiés aux techniques de restauration et montage des Kakemonos (peintures sur rouleaux).

La participation aux réunions du comité de l'ICOM pour la conservation a déterminé, quant à elle, des séjours dans divers pays européens, ainsi qu'en Russie (Moscou et Léningrad) et aux USA (New-York, Philadelphie, Washington) et de nombreux séjours d'études et pour des conférences se sont faits en Allemagne, Autriche, Suède, Danemark, Espagne et Portugal.

Ces nombreux déplacements, toujours en contact avec des spécialistes, lui ont permis de développer une vision très large autant de l'histoire de l'art que des problèmes mondiaux de la conservation des biens culturels.